BURUNDI
INTEGRATION DE LA PISCICULTURE A L'ELEVAGE :
Sécurité alimentaire et environnement
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Partie
I. DESCRIPTION DE L'EXPERIENCE, Y COMPRIS DU PROBLEME TRAITE
I-
INTRODUCTION
Le
Burundi, pays d'Afrique centrale, compte plus de six millions
d'habitants. Sa densité démographique, l'une des plus élevées
de l'Afrique subsaharienne, est de 240 habitants par kilomètre
carré. La population vit d'agriculture, d'élevage et de petites
industries. Avant la crise socio-politique de 1993, l'agriculture
existait déjà à l'échelle familiale avec l'appui du corps
de la paix Américain et d'un projet de développement de la
pisciculture financé par FAO et le PNUD. La population possédait
donc déjà quelques connaissances en pisciculture limitées
par le manque de techniques adaptées à ce domaine et pouvant
être vulgarisées. Lorsqu'en octobre 1993, le Burundi fut déchiré
par la violence ethnique, beaucoup de gens fuyant les conflits
furent rassemblés dans des camps de réfugiés des pays voisins
ou dans des camps pour personnes dépendaient entièrement de
l'aide extérieure. La plupart avait perdu des membres de leurs
familles et le bétail avait été systématiquement massacré.
Les maisons, les villages et les femmes étaient détruits.
Des problèmes chroniques tels que la malnutrition, due au
manque de protéines, s'étaient aggravées. Survivre était la
seule préoccupation. Face à cette situation, le programme
Réseau Afrique 2000, opérationnel au Burundi depuis 1993,
a décidé d'apporter des appuis concrets aux populations sinistrées.
L'Intégration de la pisciculture à d'autres types d'élevage
est l'un des domaines d'intervention du Réseau qui met un
accent particulier sur la lutte contre la pauvreté. Le réseau
commença par financer des micro-projets d'une subvention moyenne
de 10.000 $ US. La plupart des gens , indépendamment de leur
affiliation ethnique, avaient besoins d'aide pour l'élevage
de leur petit bétail ( volaille, porcs et chèvres). Certains
étangs piscicoles abandonnés furent identifiés et le réseau
Afrique 2000 se proposa d'aider les populations à associer
l'élevage d'animaux à la pisciculture. L'intégration de la
pisciculture à l'élevage du bétail consiste donc à transformer
des sites inadaptés à l'agriculture en stations à la fois
agricoles et piscicoles. Cette activités contribua à instaurer
un climat de paix car les populations se mirent à travailler
ensemble pour survivre. Des familles commencèrent à participer
au projet. Peu d'hommes avaient survécu à la crise et les
veuves formaient la majorité des adultes. Les agents du projet
montrèrent aux participants comment nettoyer les étangs piscicoles
et leur fournirent des poissons adultes et des alevins de
l'espèce " nilotic tilapia ", poisson herbivore de la région
qui se nourrit de plancton. Le projet leur donna les aliments
nécessaires pour le premier cycle d'élevage étant donné que
les bénéficiaires avaient reçu des poussins de 1,5 à 2 mois.
Pendant ces deux premiers mois, les bénéficiaires avaient
donc une marge de sécurité leur permettant d'économiser de
l'argent pour acheter des poules. Comme toujours, l'objectif
du Réseau Afrique 2000 était d'assurer l'autosuffisance. Deux
mois plus tard, la vente des œufs rapportait suffisamment
d'argent aux bénéficiaires pour leur permettre d'acheter leur
propres aliments pour volailles. Des quantités contrôlées
de fientes de volaille déversées dans les étangs produisirent
du plancton dont se nourrit le tilapia. Une tonne de poisson
fut récoltée tous les six ou sept mois. Aujourd'hui, près
de 35 projets de ce type sont appuyés par le Réseau fournit
des pelles et des brouettes et la communauté creuse elle-même
les étangs. Ces projets ont eu un très grand impact sur les
moyens d'existence, la nutrition familiale, l'amélioration
de la qualité des sols et l'instauration d'une coopération
pacifique entre les deux principales communautés qui luttent
contre le même ennemi : la pauvreté.
PARTIE
II. SITUATION AVANT L'EXPERIENCE INNOVATRICE
Avant
l'appui du Réseau, presque tous les bénéficiaires vivaient
au dessous du seuil de pauvreté qui se caractérise par la
malnutrition, un faible accès aux soins de santé, la non-scolarisation
des enfants et le manque de logement décent. Les bénéficiaires
étaient principalement des agriculteurs produisant du haricot,
de la patate douce et du manioc. Leurs récoltes étaient très
mauvaises à cause du manque de terres arables et d'engrais.
Leur stratégie consistait à se réunir pour avoir accès à de
plus grands terrains. En effet, les Associations /Groupements
ont des facilités d'accès aux terres de l'Etat par rapport
aux individus travaillant isolement. En outre, les Groupes
et Associations peuvent facilement obtenir un crédit auprès
des banques et/ ou un encadrement de services techniques spécialisés
au niveau local. Les bénéficiaires ont donc reçu 10ha, dont
3,5 couverts de marécages, pour la pisciculture et le maraîchage.
PARTIE
III. SITUATION APRES L'EXPERIENCE INNOVATRICE
-
Cette activité a contribué à améliorer de la sécurité alimentaire
: les œufs et le poisson fournissent des protéines qui équilibrent
le régime alimentaire des ménages. Les populations des zones
voisines ont également accès à ces aliments nutritifs à des
prix abordables.
-
Ce projet a réellement participé à l'auto-promotion des bénéficiaires
en augmentant les revenus des ménages puisqu'une partie de
la production 1.000$US, montant important dans un pays où
le PNB annuel par habitant est de 160$US. De nombreuses familles
qui avaient perdu leurs biens ont pu se reconstruire de nouvelles
maisons.
- La pisciculture permet le recyclage de matières organiques
comme le fumier pour le maraîchage. Les fientes de poules,
qui servent à nourrir le poisson, sont aussi utilisées pour
fertiliser les terres agricoles dégradées. Les récoltes de
patates, de haricot et de manière significative, les conditions
de vie et le bien être des familles.
-
Cette activité a contribué également à la protection de l'environnement
étant donné que le creusage d'étangs piscicoles est un système
de récupération des bas-fonds n'ayant aucun impact négatif.
Contrairement au drainage qui sèche les bas-fonds, la pisciculture
contribue à la régulation de la nappe phréatique sur les sites
marécageux.
- Ce projet a amélioré l'état de santé des populations : dans
la plupart des cas, le but visé est de récupérer des ravins
improductifs. Ces zones sont des foyers de prolifération des
moustiques. Ceux-ci transmettent la malaria et mettent en
péril la santé des populations. Les vecteurs de la bilharziose
peuvent également s'y propager. De plus, comme le tilapia
se nourrit de larves de moustiques, l'incidence du paludisme
a diminué. - La pisciculture a contribué à restaurer la paix
puisque les communautés travaillent ensemble sans tenir compte
de leurs origines ethniques.
PARTIE
IV. PROCESSUS DE MISE EN ŒUVRE
Ce type de pisciculture ne nécessite aucun moyens sophistiqués
ou coûteux, mais uniquement une grande mobilisation des ressources
humaines locales faisant appel à l'esprit d'entraide familiale
ainsi qu'aux traditions existantes de solidarité collective
et communautaire, impliquant aussi bien les femmes que les
hommes et permettent à chaque individu de participer à son
propre développement. Il est intéressant de noter que seules
les terres impropres à l'agriculture sont utilisées pour la
pisciculture : la pression démographique impose l'utilisation
de toute terre disponible.
I. LE SITE
Le choix d'un site approprié à la pisciculture est un préalable
indispensable à sa réussite. Ce choix nécessite une investigation
visant à apprécier la valeur du terrain, à laquelle succède
la vérification d'autres paramètres décisifs pour la faisabilité
du projet. Un site approprié pour la pisciculture en étang
doit remplir les critères de base suivants :
-
Un terrain transversal à pente douce (2 à 5 degrés). Les superficies
à pente forte ou presque nulle doivent être évitées. Lorsque
les pentes sont trop fortes, le coût des travaux est très
élevé et les étangs sont petits. Sur des terrains plats, les
risques d'inondations sont très importants et la maîtrise
de l'eau difficile. Au contraire, plus la pente est douce,
plus grands peuvent être les étangs et moins grand le volume
de terre à déplacer. la terres sert à construire les digues.
-
A mi-pente afin de pouvoir facilement vidanger l'étang. L'eau
doit pouvoir entrer et sortir complètement de l'étang par
écoulement naturel ( gravitation). Le point d'évacuation des
eaux vidangées est le plus bas et celui de l'arrivée de l'eau,
le plus élevé.
- Sur des terrains ensoleillés parce que la lumière et la
chaleur sont les meilleures sources d'énergie pour de bons
rendements dans un étang piscicole.
-
Sur de larges parcelles offrant des possibilités d'extension.
-
La qualité du sol : argileux ou sablonneux-argileux, soit
imperméable et d'une bonne capacité de charge hydrique. La
perméabilité du sol est l'une des qualités essentielles car
un étang construit sur un sol imperméable perdra peu d'eau
par infiltration.
- A proximité d'un cours d'eau permettant assurant un débit
d'eau suffisant pour pouvoir remplir les étangs tout au long
de l'année. il faut un débit minimal de 5 à 10 litres par
seconde pour un étang d'un hectare. Cette eau doit répondre
à une certaine qualité physique et chimique comme :
1)
le pH : on apprécie la qualité d'une eau par la mesure du
pH qui indique si l'eau est acide ou alcaline. Les eaux avec
un pH compris entre 5,5 et 9,5 peuvent être utilisées en pisciculture
mais celles dont le pH est compris entre 6,5 et 8,5 sont plus
favorables.
2) L'oxygène : la qualité chimique d'une eau dépend aussi
des gaz dissous qu'elle contient. L'oxygène est indispensable
à la respiration des poissons.
3)
La température : celle-ci joue un rôle important dans la croissance
des poissons. Plus on monte en altitude, plus la température
de l'eau diminue et moins les rendements sont élevés. Au Burundi,
au dessus de 2.000 m d'altitude, il fait trop froid pour élever
le tilapia nilotica. La température optimale pour sa croissance
varie entre 25°c et 35°c. Entre 18°c et 22°c, la production
reste bonne. Elle est faible de 15°c à 18°c et inexploitable
en dessous de 11°c. A moins de 8°c, le poisson ne s'alimente
plus et si cette température est maintenue, il meurt.
.
4) La turbidité : celle-ci affecte la capacité respiratoire
du poisson ainsi que les activités photo-synthétiques des
organisations végétaux. La présence des phyto et zooplanctons
dans l'eau entraîne une diminution de la transparence. La
turbidité nous renseigne sur l'état de la fertilisation d'un
étang piscicole.
Proche
de la maison du pisciculteur pour faciliter la surveillance
et l'entretien du poisson- Proche d'un marché servant de débouché
aux récoltes et permettant l'approvisionnement en intrants.
II.
LA POPULATION CIBLE
Ces
projets piscicoles doivent être vulgarisés auprès des communautés
qui élèvent des bœufs, des chèvres, de la volaille ou des
porcs car celles-ci disposent automatiquement de fumier organique,
indispensable au succès de la pisciculture. Ces communautés
pourraient être sensibilisées par des personnes qui, ayant
déjà de l'expérience en matière de pisciculture, pourraient
jouer le rôle d'agents de vulgarisation.
III.
LA PRODUCTION PISCICOLE EN ETANG : Un modèle standard
Si
le Réseau Afrique 2000 entend motiver les communautés de base,
les activités corollaires ou de subsistance, mais bien économiques.
Pour atteindre cet objectif, une structure piscicole doit
être mise en place pour produire annuellement entre 1.500
à 2.500 Kg de poisson marchand desquels le Groupe pourrait
prélever une certaine quantité pour sa propre consommation.
Il est raisonnable d'envisager 3 à 5 étangs de 10 ares chacun
pour une activité piscicole de cette envergure. A noter :
- Il faut deux alevins par mètre carré pour empoissonner un
étang. Dès lors, dans une mare de 3 ares, il faut introduire
600 alevins (2x300). Après 5 ans, le stock doit être renouvelé.
Les alevins sont déversés délicatement dans l'étang, au bord
des berges, en immergeant lentement les seaux/ bassins par
inclinaison progressive. Il ne faut jamais vider les récipients
de leur contenu, debout, du haut de la digue. - On peut empoisonner
l'étang avec du poisson adulte. Dans ce cas, il faut introduire
50 poissons par are (40 femelles et 10 mâles). - Chaque groupe/
Association doit donc avoir une superficie exploitable de
30 à 50 ares de bas-fonds ou de ravins, qui doit être considérée
comme le modèle standard agricole et piscicole économiquement
viable.
IV.L'ETANG
1)
La taille :au départ, la taille moyenne d'un étang familial
était de 10 mètres sur 10 (1are). Environ 200 poissons étaient
élevés sur cette superficie. Ces étangs n'étaient pas assez
productifs et le poisson était volé. Avec l'appui du corps
de la paix, la taille des étangs a augmenté ainsi que leur
production. La taille moyenne est passé de 2,5 à 3 ares. Aujourd'hui,
la taille moyenne est de 5 ares et la production s'est accrue
: le poisson est mieux nourri, il a été associé à d'autres
espèces telles que la volaille ou les porcs et le nombre d'étangs
par ferme piscicole a augmenté.
2) Le coût : le coût d'un étang dépend de trois facteurs :
de sa taille (plus il est grand, plus il nécessite de main
d'œuvre), de l'importance de l'association et de la topographie.
3) La construction de l'étang : les travaux de construction
d'un étang de qualité doivent suivre l'ordre suivant :
a- Après avoir sélectionné le site, il faut aménager le canal
d'alimentation qui amènera l'eau à l'étang. 0,23 m3 d'eau
toutes les 24 h suffisent pour remplir l'étang sans casser
les digues. Le canal, en pente très faible, doit pouvoir amener
l'eau toute l'année. On détermine ensuite la position du canal
de vidange qui doit pouvoir, à tout moment, évacuer l'étang.
b- On procède ensuite au piquetage de l'étang. Le piquetage
permet de délimiter les dimensions de l'étang et celle des
digues. La parcelle à aménager doit être soigneusement débroussaillée.
c- On procède à l'installation du système de vidange.
d- La construction des digues doit être faite très soigneusement,
avec, avec de la terre imperméable. Le compactage des couches
successives de terre constituant la digue est très important.
e- On procède
ensuite à la mise en eau après avoir installé le dispositif
d'alimentation et le tuyau de trop plein.
f- Enfin, les digues sont engazonnées pour les protéger de
l'érosion causée par la pluie.
4) Types d'étangs : il existe deux types d'étangs : les étangs
de barrage (cas de ngozi) et les étangs dérivation (cas de
cibiotoke ou rukaramu).
5) Partie d'un étang : L'étang est composé de l'assiette,
soit le fond et des digues qui constituent les parties essentielles
de l'étang car d'elles, dépendront sa solidité et sa capacité
à retenir l'eau. ce sont les contours d'un étang.
6) Les engrais : Il est important de noter que la boue, que
l'on trouve parfois à la surface de la mare après son exploitation,
peut être enlevée et utilisée comme excellent engrais pour
les champs.
7)
La vidange : Il est très important de vidanger l'étang et
de la nettoyer une fois par an afin d'enlever les herbes,
les serpents ou les poissons-chats qui peuvent sauter d'une
mare à l'autre et manger le tilapia.
IV. LA REPRODUCTION
Une
fois adulte, la femelle pond environ 700 œufs dans l'eau.
Le mâle couvre alors les œufs pondus de sperme. La femelle
prend les œufs fécondés en bouche et après une semaine (2
semaines au maximum), les alevins sortent des œufs. La femelle
surveille les alevins. En cas de danger, elle les reprend
en bouche. Dès qu'ils atteignent l'âge adulte (à un mois environ),
la femelle peut commencer à se reproduire. Après six mois,
dans de mauvaises conditions, le poisson pèse entre 30 et
60 grammes. Dans de bonnes conditions (bonne alimentation
du poisson, eau de bonne qualité et température idéale), le
poisson pèse entre 150 et 300 grammes.
V.
TYPES D'INTEGRATION DE LA PISCICULTURE A L'ELEVAGE
La croissance des poissons dépend, entre autres, de la qualité
et de la quantité de la nourriture naturelle disponible dans
l'étang. On devra donc veiller au maintien du " verdissement
" de l'eau, garantissant en permanence une alimentation naturelle,
riche en phyto-zooplanctons, nourriture de base des alevins.
Pour arriver à une bonne fertilisation, le Réseau Afrique
2000 a introduit différents types de systèmes intégrés : Poisson/
poules. Il existe deux types de poules. Les poulets de chair
doivent être vendus rapidement et sont difficiles à écouler
en milieu rural. Les poules pondeuses sont préférables car
elles restent dans le poulailler, pondent des œufs et peuvent
être élevées entre 12 et 15 mois. Les poules peuvent être
nourries avec des aliments industriels. Poisson/ canards Poisson/
porcs Poisson/ chèvres Poisson/ lapins Poisson/ vaches En
général, dans les élevages associés, l'effet recherché est
un fertilisation directe à partir des déjections de l'élevage.
les abris sont construits soit sur pilotis (poulaillers, clapiers,
abris pour canards), soit à proximité vers la pente en amont
de l'étang (porcherie, enclos pour chèvres). Il est conseillé
de construire les abris dans la partie peu profonde de l'étang
car les pêcheurs commencent par l'endroit le moins profond
pour poursuivre la pêche vers la partie la plus profonde.
VI.LA
PECHE
Il
existe deux types de pêche : " La pêche partielle " est pratiquée
selon les besoins familiaux et sur demande des clients. La
quantité pêchée est donc limitée à la demande. La " pêche
totale " consiste à vider entièrement l'étang. En drainant
l'eau, le poisson est rassemblé près du caniveau de nettoyage
et attrapé. Les alevins sont gardés pour ré-empoissonner l'étang.
L'étang vide doit être bien nettoyé. Les herbes, les poissons-chats
et les serpents doivent être éliminés. Le poisson est pêché
tous les six (06) mois.
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