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Miel de neem et paludisme
 
Une voie pleine de promesses

A l'initiative de la fondation Paix et Développement, la GTZ (GATE/ISAT) a soutenu une activité d'enquêtes conduites dans les régions Sud du Sénégal : Tambacounda, Kolda et surtout Ziguinchor, sur le neem Azadirachta Indica.

Partant du constat que les populations locales appellent le neem <<nivaquine>> et utilisent les feuilles et les racines sous forme d'infusion dans la prévention et le traitement du paludisme, il était intéressant de conduire les enquêtes sur les effets éventuels du miel de neem contre cette affection. Au-delà des aspects liés aux types de ruches, aux lieux et techniques de récolte et aux incidences économiques de la production, les enquêtes ont cherché à déterminer l'importance du miel dans la pharmacopée traditionnelle et en particulier la connaissance et l'usage du miel de neem .

  • Le miel contre la fatigue générale

    Les enquêtes se sont déroulées de Février à Août 1995, et ont concerné 87 producteurs de miel, 38 tradipraticiens ou guérisseurs, 32 consommateurs ruraux et 13 commerçants de miel de manière principale ou accessoire. Ces personnes ont une moyenne d'âges de 60 ans et on ne compte que 02 femmes dans la population interviewée. Les enquêtes révèlent que le miel est très largement utilisé comme médicament principal dans le cas de fatigue générale, lors des quintes de toux, contre le paludisme et les formes grippales, les maux de ventre, le hoquet et les parasites intestinaux. Le miel est recommandé pour accompagner la plupart des médicaments prescrits en absorption mais également en usage externe dans les maladies de la peau et pour la cicatrisation des plaies.

    L'utilisation du miel de neem dans la lutte contre le paludisme n'a pu être vérifiée de manière précise pour les raisons suivantes :

    • Les peuplements denses de neem n'existent que très rarement;
    • Le miel de neem est un produit obtenu accidentellement ;
    • Le miel de neem est souvent assimilé à d'autres miels dits amers.

    Cependant ce miel a été identifié par plusieurs producteurs même s'il n'est jamais désiré naturellement. Son goût très amer fait qu'il n'est pas apprécié par les consommateurs de miel et encore moins par les consommateurs d'hydromel, alcool de miel très recherché, en raison des pluies, lorsque le vin de palme n'est plus disponible. Se basant davantage sur le goût que sur la nature véritable des essences végétales ayant servi à la fabrication du miel, les miels amers sont assimilés en premier lieu au neem et subsidiairement à Khaya Senegalensis et à Carapa Procera tous deux de la famille des méliacées à laquelle appartient l'Azadirachta Indica. Ces miels amers sont indiqués par les tradipraticiens dans tous les cas de fièvre, lors de paludisme en particulier. Accessoirement, leur utilisation est recommandée en cas d'hypertension artérielle, d'ulcère gastrique, de quintes de toux et dans les crises d'asthme notamment. Les miels amers sont rares, ainsi sur 42 échantillons de miel ayant fait l'objet d'analyse microscopique, les pollens de neem n'ont été rencontrés que 09 fois de manière très faible à rare. Un seul échantillon présente de manière relativement fréquente des pollens de neem.

    Malgré ces résultats décevants pour le miel de neem, il n'en demeure pas moins que l'activité apicole est riche d'enseignements dans nos pays et présente un intérêt certain dans la perspective de l'utilisation plus affirmée de la pharmacopée locale. Les populations africaines fréquentent très peu les services de santé moderne en raison d'un déficit important en infrastructures et personnel médical et paramédical, mais surtout du fait du coût élevé de la médecine moderne. Entre 1998 et 1992, la fréquentation des services de santé en Afrique de l'ouest variait de 27% au Mali à 65% en Côte d'Ivoire (à l'exception de la Guinée Bissau et du Cap-Vert où ce taux dépasse 80%). Avec un taux de croissance moyen dans la région de 2,7% par an, avec la notable diminution des ressources publiques et du pouvoir d'achat des populations aggravées par la dévaluation du F CFA depuis 02 ans, cette fréquentation des services modernes de santé risque de baisser sensiblement, en particulier dans les pays francophones d'Afrique.

    On note déjà un intérêt accru des populations pour la médecine traditionnelle et des expériences d'appropriation et de vulgarisation sont conduites ou encouragées par les pouvoirs publics dans certains Etats de l'Afrique de l'Ouest. Dans cette perspective, l'étude des miels d'abeille dans nos pays présente un grand intérêt lié à l'existence d'un savoir traditionnel remarquable, d'une acceptation très générale de cette forme de médication qui se justifie par la vertu reconnue aux abeilles de prendre ce qu'il y a de meilleur dans les essences butinées, pour réaliser une préparation agréable, assimilable et relativement bon marché. L'activité apicole, sans négliger ses répercussions économiques, présente l'intérêt de pouvoir occuper les populations rurales en morte saison, de contribuer à améliorer la santé, notamment celle des femmes, des nourrissons et des enfants. De plus, une bonne conduite de l'activité apicole peut contribuer de manière efficace à une meilleure gestion des ressources naturelles par le suivi des espaces ruraux boisés en espèces miellifères.

    Or le neem, essence importée des Indes, s'est admirablement adapté à l'écologie de la zone sahélienne d'Afrique de l'Ouest, même s'il a été souvent décrié à cause de son association difficile avec d'autres végétaux, de son utilisation rare comme fourrage et des dommages que ses racines occasionnent aux habitations trop proches.

  • Le neem, l'arbre aux mille vertus

    De plus en plus, avec la vulgarisation effectuée par certaines ONG, cet arbre révèle les qualités et propriétés très intéressantes. Ainsi différentes parties de la plante peuvent être utilisées comme matériaux pour l'habitat rural, source d'énergie domestique, produit phytosanitaire, élément fertilisant et aliment pour le bétail. L'action pharmacologique a souvent été perçue, à travers des extraits de feuilles et d'écorces de tronc, comme anti-inflammatoire, antipyrétique et antipaludéenne (selon la littérature scientifique) et abortive (selon une croyance populaire). Ainsi son emploi est recommandé contre la fièvre, les ulcères gastriques et le paludisme. Cette dernière utilisation est parfois controversée : certains auteurs dénient toute activité sur le Plasmodium Berghei, d'autres affirment une efficacité contre ce même parasite et contre le Plasmodium Yoelli Nigeriensis. Les enquêtes menées dans les régions de Zinguinchor, Kolda et Tambacounda au Sénégal, au niveau des populations rurales - producteurs tradipraticiens, commerçants, consommateurs - cherchaient à se faire une idée de l'utilisation du miel de neem comme médicament possible de prévention et /ou de traitement de paludisme dans cette zone. On peut retenir que le miel de neem est reconnu des producteurs et des tradipraticiens mais n'est généralement pas produit de manière intentionnelle. Lorsqu'on le récolte, il est identifié sous le nom générique de miel amer dénommé <> auquel on attribue essentiellement une vertu antipyréique antipaludéenne parce que fébrifuge. L'intérêt de l'étude des effets antimalariques du miel de neem réside dans la possibilité d'avoir un produit médicamenteux sous une forme largement connue et appréciée des prophylacteurs, toutes couches sociales confondues. Ce miel parait ainsi remplir son rôle nutritionnel, classique succédané du sucre avec toutes les vertus du miel en diététique. Il pourrait également servir dans une lutte économique contre le paludisme tout en évitant peut-être certaines conséquences néfastes notées dans l'utilisation prolongée des extraits de feuilles, telles que des néphropathies et certaines formes de stérilité. L'importance du paludisme dans le monde, en particulier en Afrique, justifie à elle seule que l'on approfondisse cet axe de recherche-action qui en plus permettrait de mieux faire connaître les propriétés de cet arbre-miracle, selon les scientifiques indiens, qu'est l'Azadirachta Indica.

Ibrahim Dia
Fondation Paix et Développement
B.P. 3473 Dakar - Sénégal

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