Abonnez-vous
à la
lettre d'Info DEVENET
|
|
|
Reproduction du contenu
autorisée. Prière mentionner DEVENET comme source.
Conçu et développé par
Dernière mise à jour
00/00/02
|
|
|
|
Miel
de neem et paludisme |
Une voie pleine de
promesses
A l'initiative de la fondation Paix et Développement,
la GTZ (GATE/ISAT) a soutenu une activité d'enquêtes
conduites dans les régions Sud du Sénégal : Tambacounda,
Kolda et surtout Ziguinchor, sur le neem Azadirachta
Indica.
Partant du constat que les populations locales appellent
le neem <<nivaquine>> et utilisent les
feuilles et les racines sous forme d'infusion dans
la prévention et le traitement du paludisme, il était
intéressant de conduire les enquêtes sur les effets
éventuels du miel de neem contre cette affection.
Au-delà des aspects liés aux types de ruches, aux
lieux et techniques de récolte et aux incidences économiques
de la production, les enquêtes ont cherché à déterminer
l'importance du miel dans la pharmacopée traditionnelle
et en particulier la connaissance et l'usage du miel
de neem .
- Le miel contre la fatigue générale
Les enquêtes se sont déroulées de Février à
Août 1995, et ont concerné 87 producteurs de miel,
38 tradipraticiens ou guérisseurs, 32 consommateurs
ruraux et 13 commerçants de miel de manière principale
ou accessoire. Ces personnes ont une moyenne d'âges
de 60 ans et on ne compte que 02 femmes dans la
population interviewée. Les enquêtes révèlent
que le miel est très largement utilisé comme médicament
principal dans le cas de fatigue générale, lors
des quintes de toux, contre le paludisme et les
formes grippales, les maux de ventre, le hoquet
et les parasites intestinaux. Le miel est recommandé
pour accompagner la plupart des médicaments prescrits
en absorption mais également en usage externe
dans les maladies de la peau et pour la cicatrisation
des plaies.
L'utilisation du miel de neem dans la lutte
contre le paludisme n'a pu être vérifiée de manière
précise pour les raisons suivantes :
- Les peuplements denses de neem n'existent
que très rarement;
- Le miel de neem est un produit obtenu accidentellement
;
- Le miel de neem est souvent assimilé à d'autres
miels dits amers.
Cependant ce miel a été identifié
par plusieurs producteurs même s'il n'est jamais
désiré naturellement. Son goût très amer fait
qu'il n'est pas apprécié par les consommateurs
de miel et encore moins par les consommateurs
d'hydromel, alcool de miel très recherché, en
raison des pluies, lorsque le vin de palme n'est
plus disponible. Se basant davantage sur le goût
que sur la nature véritable des essences végétales
ayant servi à la fabrication du miel, les miels
amers sont assimilés en premier lieu au neem et
subsidiairement à Khaya Senegalensis et à Carapa
Procera tous deux de la famille des méliacées
à laquelle appartient l'Azadirachta Indica. Ces
miels amers sont indiqués par les tradipraticiens
dans tous les cas de fièvre, lors de paludisme
en particulier. Accessoirement, leur utilisation
est recommandée en cas d'hypertension artérielle,
d'ulcère gastrique, de quintes de toux et dans
les crises d'asthme notamment. Les miels amers
sont rares, ainsi sur 42 échantillons de miel
ayant fait l'objet d'analyse microscopique, les
pollens de neem n'ont été rencontrés que 09 fois
de manière très faible à rare. Un seul échantillon
présente de manière relativement fréquente des
pollens de neem.
Malgré ces résultats décevants pour le miel de
neem, il n'en demeure pas moins que l'activité
apicole est riche d'enseignements dans nos pays
et présente un intérêt certain dans la perspective
de l'utilisation plus affirmée de la pharmacopée
locale. Les populations africaines fréquentent
très peu les services de santé moderne en raison
d'un déficit important en infrastructures et personnel
médical et paramédical, mais surtout du fait du
coût élevé de la médecine moderne. Entre 1998
et 1992, la fréquentation des services de santé
en Afrique de l'ouest variait de 27% au Mali à
65% en Côte d'Ivoire (à l'exception de la Guinée
Bissau et du Cap-Vert où ce taux dépasse 80%).
Avec un taux de croissance moyen dans la région
de 2,7% par an, avec la notable diminution des
ressources publiques et du pouvoir d'achat des
populations aggravées par la dévaluation du F
CFA depuis 02 ans, cette fréquentation des services
modernes de santé risque de baisser sensiblement,
en particulier dans les pays francophones d'Afrique.
On note déjà un intérêt accru des populations
pour la médecine traditionnelle et des expériences
d'appropriation et de vulgarisation sont conduites
ou encouragées par les pouvoirs publics dans certains
Etats de l'Afrique de l'Ouest. Dans cette perspective,
l'étude des miels d'abeille dans nos pays présente
un grand intérêt lié à l'existence d'un savoir
traditionnel remarquable, d'une acceptation très
générale de cette forme de médication qui se justifie
par la vertu reconnue aux abeilles de prendre
ce qu'il y a de meilleur dans les essences butinées,
pour réaliser une préparation agréable, assimilable
et relativement bon marché. L'activité apicole,
sans négliger ses répercussions économiques, présente
l'intérêt de pouvoir occuper les populations rurales
en morte saison, de contribuer à améliorer la
santé, notamment celle des femmes, des nourrissons
et des enfants. De plus, une bonne conduite de
l'activité apicole peut contribuer de manière
efficace à une meilleure gestion des ressources
naturelles par le suivi des espaces ruraux boisés
en espèces miellifères.
Or le neem, essence importée des Indes, s'est
admirablement adapté à l'écologie de la zone sahélienne
d'Afrique de l'Ouest, même s'il a été souvent
décrié à cause de son association difficile avec
d'autres végétaux, de son utilisation rare comme
fourrage et des dommages que ses racines occasionnent
aux habitations trop proches.
- Le neem, l'arbre aux mille vertus
De plus en plus, avec la vulgarisation effectuée
par certaines ONG, cet arbre révèle les qualités
et propriétés très intéressantes. Ainsi différentes
parties de la plante peuvent être utilisées comme
matériaux pour l'habitat rural, source d'énergie
domestique, produit phytosanitaire, élément fertilisant
et aliment pour le bétail. L'action pharmacologique
a souvent été perçue, à travers des extraits de
feuilles et d'écorces de tronc, comme anti-inflammatoire,
antipyrétique et antipaludéenne (selon la littérature
scientifique) et abortive (selon une croyance
populaire). Ainsi son emploi est recommandé contre
la fièvre, les ulcères gastriques et le paludisme.
Cette dernière utilisation est parfois controversée
: certains auteurs dénient toute activité sur
le Plasmodium Berghei, d'autres affirment une
efficacité contre ce même parasite et contre le
Plasmodium Yoelli Nigeriensis. Les enquêtes menées
dans les régions de Zinguinchor, Kolda et Tambacounda
au Sénégal, au niveau des populations rurales
- producteurs tradipraticiens, commerçants, consommateurs
- cherchaient à se faire une idée de l'utilisation
du miel de neem comme médicament possible de prévention
et /ou de traitement de paludisme dans cette zone.
On peut retenir que le miel de neem est reconnu
des producteurs et des tradipraticiens mais n'est
généralement pas produit de manière intentionnelle.
Lorsqu'on le récolte, il est identifié sous le
nom générique de miel amer dénommé <>
auquel on attribue essentiellement une vertu antipyréique
antipaludéenne parce que fébrifuge. L'intérêt
de l'étude des effets antimalariques du miel de
neem réside dans la possibilité d'avoir un produit
médicamenteux sous une forme largement connue
et appréciée des prophylacteurs, toutes couches
sociales confondues. Ce miel parait ainsi remplir
son rôle nutritionnel, classique succédané du
sucre avec toutes les vertus du miel en diététique.
Il pourrait également servir dans une lutte économique
contre le paludisme tout en évitant peut-être
certaines conséquences néfastes notées dans l'utilisation
prolongée des extraits de feuilles, telles que
des néphropathies et certaines formes de stérilité.
L'importance du paludisme dans le monde, en particulier
en Afrique, justifie à elle seule que l'on approfondisse
cet axe de recherche-action qui en plus permettrait
de mieux faire connaître les propriétés de cet
arbre-miracle, selon les scientifiques indiens,
qu'est l'Azadirachta Indica.
Ibrahim Dia
Fondation Paix et Développement
B.P. 3473 Dakar - Sénégal
|
|
|