LES FEMMES ET LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

Particulièrement en milieu rural, les femmes jouent un rôle clé dans l'utilisation des ressources naturelles comme les sols, l'eau, le bois, étant donné les multiples tâches qui leur incombent au sein du foyer, de la famille, dans le secteur de l'agriculture et de l'élevage. Ce sont elles qui produisent l'essentiel des denrées vivrières - pas seulement pour l'autoconsommation (production de subsistances), - qui récoltent le bois utilisé pour la cuisson, le chauffage, comme source d'éclairage et matériau de construction ; ce sont elles enfin qui se chargent la plupart du temps de la corvée d'eau pour l'ensemble de la maisonnée. En dépit de ces lourdes responsabilités, l'accès des femmes aux ressources naturelles et leurs possibilités d'en disposer librement sont souvent restreints de multiples manières : dans bien des cas, elles sont dépourvues de droit de possession sur les terres, les sols, les arbres ou l'eau. elles ont rarement leur mot à dire et leur pouvoir de décision demeure très limité en ce qui concerne la répartition et le mode d'utilisation de ces ressources .

A cela s'ajoute très souvent qu'il leur est difficile encore aujourd'hui d'obtenir des crédits et autres formes de soutien et que leur désir d'accéder aux responsabilités politique et administratives est ignoré. Ce sont, avant tout, qui luttent quotidiennement pour des moyens d'existence naturels en diminution et elles sont les premières touchées par les sécheresses et autres calamités naturelles. Dans les zones affectées par la dégradation des terres et la désertification, leur charge de travail, déjà énorme, est encore alourdie : L'érosion et la baisse de fertilité des sols menacent la production vivrière assurée par les femmes et donc la subsistance des familles ;

Les distances qu'elles doivent parcourir quotidiennement pour s'approvisionner en bois et en eau ne cessent de s'allonger, car ces ressources s'amenuisent de plus en plus ; les revenus d'appoint se font de plus en plus rares. En raison de l'exode rural, bien des femmes se retrouvent seules pour pouvoir aux besoin du ménage. Dans ces conditions difficiles, les femmes parviennent à assurer la survie quotidienne des leurs en déployant des trésors d'énergie et de détermination, mais se voient souvent réduites à se livrer à une déprédation sur les ressources naturelles, faute d'échappatoires.

A la fois victimes et responsables de la désertification, elles sont prises dans un cercle vicieux auquel il leur est difficile d'échapper. C'est pourquoi les stratégies de lutte contre la désertification doivent tenir compte plus que par le passé du rôle et des besoins spécifiques des femmes, mais aussi de leur formidable savoir sur la faune, la flore et les mécanismes de l'écosystème dans lequel elles vivent. La convention internationale sur la lutte contre la désertification souligne expressément le rôle particulier des femmes dans la gestion durable des bases d'existence naturelles. Les parties se sont engagées à promouvoir une participation aussi large que possible, en particulier des femmes, à la mise en place et au développement des capacités d'institutions locales qui lancent et supervisent des mesures de lutte contre la désertification. Par ailleurs, la convention insiste sur la nécessité de développer l'offre de formation pour les femmes dans le domaine de la préservation et de l'exploitation durable des ressources naturelles.

La promotion d'activités économiques extra-agricoles est un moyen de créer de nouvelles sources de revenus, de répondre ainsi efficacement au problème de la pauvreté rurale et d'alléger la pression qui s'exerce sur les ressources naturelles. Même si elle insiste sur le rôle joué par les femmes, la convention ne vise pas à soutenir leurs intérêts légitimes de manière unilatérale et isolée. Elle veut plutôt qu'hommes et femmes seraient pris en compte sur un pied d'égalité et participe activement aux programmes de lutte contre l'avancée du désert.

Le rôle particulier joué par les femmes dans l'exploitation durable des ressources naturelles ne peut pas non plus être considéré isolément du contexte socioculturel qui prévaut dans les pays partenaires. Pour que le travail accompli par les femmes soit reconnu à sa juste valeur et encouragé comme il se doit, un long processus d'apprentissage tenant compte du rôle joué par les femmes et les hommes doit s'opérer au sein des sociétés.