L'aménagement
du terroir et la valorisation des ouvrages antiérosifs
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SOMMAIRE
- Raisonner sur l'ensemble du bassin versant
- Veiller à l'entretien des aménagements
- Les aménagements individuels
- Augmenter d'abord la production vivrière et favoriser
le développement de la végétation naturelle
- La valorisation des ouvrages antiérosifs
Il s'agit ici de présenter non une technique
particulière mais un ensemble de recommandations concernant
la conception des aménagements et leur valorisation technico-économique.
Raisonner sur l'ensemble du bassin
versant
Un aménagement est plus efficace s'il
intéresse assez grand, composé des parcelles cultivées et
des zones d'amont où se déclenchent les processus de ruissellement.
Par exemple, corriger une grande ravine en un seul point s'avère
peu efficace et risqué ; c'est l'ensemble du bassin versant
concerné par cette ravine qui devrait être traité.
Dans un premier temps, on cherchera à intéresser un groupe
de paysans à l'aménagement d'une partie du territoire : vingt
à trente exploitations agricoles peuvent être concernées par
un espace de 100 à 200 hectares (zone cultivée et non cultivée).
Les travaux à entreprendre concernant en priorité les parcelles
de culture, les terrains à régénérer et à remettre en culture,
les ravins qui limitent le déplacement des populations en
barrant les routes et les zones d'amont non cultivées.
Veiller à l'entretien des aménagements
La plantation ou le semis des végétaux,
associés aux ouvrages physiques comme les cordons pierreux,
est un gage de réussite et de pérennisation des aménagements.
Le succès de ces plantations, semis et repiquage d'arbres,
d'arbustes et herbacées est fonction de la pression qu'exercent
les animaux. Dans bien des cas, la mise en défens des zones
concernées pendant la première saison sèche est indispensable.
De même, les travaux doivent être organisés collectivement
: ramassage collectif de pierres, correction de ravines, entretien
des routes. Le suivi et l'entretien des dispositifs sont indispensables
et malheureusement trop souvent négligés par les paysans.
Les aménagements individuels
Lorsque les paysans sont peu organisés,
par exemple par suite de mésentente dans le village, ou dispersés
dans l'espace, quel type d'intervention peut-on promouvoir
?
Les paysans et leur famille peuvent se mobiliser pour aménager
les parcelles du chef d'exploitation et même les parcelles
de femmes. Une famille peut traiter un hectare en cordon pierreux,
durant une saison sèche. L'utilisation d'andropogon et d'arbustes
peu appétents est envisageable ; par contre, les arbres plantés
souffriront du passage des animaux divagants du village, car
il est difficile de protéger individuellement plus de 20 à
30 arbres.
Augmenter d'abord la production vivrière
et favoriser le développement de la végétation naturelle
En général, les paysans se mobilisent
en priorité pour la réalisation d'ouvrages antiérosifs dans
les parcelles de culture. Deux objectifs sont visés :
- augmenter les rendements des cultures par une meilleure
utilisation de l'eau pluviale ;
- accroître la surface cultivée en régénérant des terres dégradées,
par la technique du Zaï sur le sol nu par exemple.
Les possibilités d'amélioration générale de la production
ne doivent pas être sous-estimées et laissées de côté.
L'implantation d'arbres, d'arbustes et d'andropogon, ainsi
que la régénération des pâturages, sont indispensables pour
la vie de tous les jours, surtout pour les années à venir.
L'élevage ne peut pas développer sans la présence au village
de fourrages relativement riches en azotes, par exemple des
feuilles d'arbres. Les pailles ne suffisent pas.
Dans certains villages, les paysans ont réussi à réimplanter
de l'andropogon après la sécheresse, mais dans d'autres, il
n'y en a plus. Les villageois doivent alors acheter la paille
d'andropogon pour la fabrication des toits et des palissades.
La construction de cordons pierreux ralentit l'eau mais cela
n'améliore pas la fertilité du sol. Là encore, l'arbre, tous
les végétaux utiles et bien sûr l'élevage, ont un rôle à jouer.
La valorisation des ouvrages antiérosifs
Le premier objectif recherché par les
paysans est l'augmentation de la production céréalière en
vue de l'autosuffisance vivrière de la famille. Dans les zones
où le ruissellement est intense, l'aménagement antiérosif
est préalable à l'intensification des cultures. Mais lorsque
le sol est peu fertile ou tassé, cela ne suffit pas toujours.
Or, les aménagements antiérosifs nécessitent beaucoup de travail
et entrent en concurrence avec des travaux rémunérateurs de
saison sèche comme l'artisanat ou l'orpaillage. Il est donc
important de valoriser ces aménagements par une production
accrue, sous peine de voir les paysans se décourager. Cela
implique de modifier ou d'améliorer aussi les techniques culturales.
Pour cela , on peut reprendre quelques recommandations.
- Mettre en culture des sols assez profonds
L'aménagement des terrains très dégradés où il n'y a presque
plus que la cuirasse est inutile. Au mieux, un peu d'herbe
repoussera le long des diguettes, mais le mil aura très peu
de chance de produire.
- Associer fertilisation, sarclage soigné et aménagement
Même s'il pleut correctement, le champ ne donne pas bien,
la terre est " fatiguée ". Seul un apport de fumure (fumier,
compost, engrais) peut augmenter la production. Les aménagements
retiennent l'eau mais aussi la fumure organique. Mais cet
accroissement de la fertilité profite aussi aux mauvaises
herbes, d'où la nécessité de sarcler à la bonne date.
- Améliorer l'infiltration de l'eau dans le sol
Les cordons pierreux ralentissent l'eau, mais si le sol est
dur, l'eau ne s'infiltre pas et le ruissellement repart jusqu'à
la prochaine diguette.
Deux types de techniques favorisent l'infiltration de l'eau
:
- le travail du sol en culture attelée (labour, scarifiage
et sarclobinage) et en culture manuelle (sarclages répétés)
- le mulch ou couverture du sol par des pailles de céréales
et de brousses ou des repousses de piliotigma reticulatum
(bagandé en mooré). Ce paillis attire les termites dont l'activité
favorise l'infiltration de l'eau dans le sol. Cette technique
est surtout réservée aux sols compactés et "séchants "
- Augmenter la rugosité du sol
Pour augmenter l'efficacité des cordons pierreux, la lame
d'eau peut être ralentie entre deux diguettes par un billonnage,
un buttage ou même un simple sarclobinage. Une règle générale
à retenir : on travaillera toujours parallèlement aux courbes
de niveau ou aux ouvrages antiérosifs, afin de limiter au
mieux le ruissellement. Cette règle est valable pour le semis
en ligne, le travail du sol, l'entretien des cultures, le
paillage, etc.
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