Complémentation
stratégique des chevrettes sevrées destinées
à produire du lait |
Les productions nationales de viande et de
lait sont loin de satisfaire les besoins de consommation totale
au regard des contraintes réelles de production, notamment
les contraintes alimentaires. De plus en plus avec l'accroissement
des phénomènes de la désertification, le pâturage naturel
ne garantit plus une alimentation suffisante au bétail surtout
en saison sèche, se traduisant ainsi par une baisse de productivité.
La chèvre du Sahel qui n'échappe pas à cette
réalité présente tout de même un atout particulier lié à son
comportement alimentaire. Comme toute chèvre, elle présente
une très bonne capacité de sélection et une préférence indéniable
au fourrage ligneux.
Au Sahel, pendant les périodes de pénuries
alimentaires, les quelques rares quantités de lait récoltées
provient surtout de l'espèce caprine en raison non seulement
du bénéfice de son comportement mais aussi de ces besoins
de production plus faibles par rapport à l'espèce bovine.
Cela traduit une fois de plus l'importance de la chèvre dans
des besoins lactés au niveau local.
Considérant ce qui précède en rapport avec
nos connaissances actuelles de la chèvre du Sahel burkinabé,
il apparaît nécessaire d'étudier les aptitudes de cette dernière
ainsi que sa capacité réelle à valoriser le fourrage local
par utilisation du concentré.
En utilisant des chevrettes sevrées de 5
à 6 mois comme matériel animal de base pour l'étude, les
conditions d'une bonne croissance devaient être étudiées pour
tenir compte des carences alimentaires de saison sèche.
Une complémentation stratégique a été appliquée
afin d'apprécier l'impact de cette conduite sur le poids des
chevrettes à la mise en saillie. Un poids vif moyen de 17
kg qui représenterait environ 70% du poids adulte
de la chèvre du Sahel a été fixé comme base de référence.
A la suite de la complémentation stratégique, une phase de
croissance compensatrice a été observée pendant la saison
pluvieuse. Après les 2 phases, il a fallu un temps minimal
de 3 semaine de complémentation pour que tous les groupes
d'animaux parvient au poids de 17 kg.
Nous avons distingué pendant la saison sèche
chaude, 5 possibilités de complémentation (4constituées de
50% de concentré et 50% de fourrage et 1 constituée de 100%
de fourrage).Mais pour les résultats, nous avons retenu de
présenter et d'insister sur les deux extrêmes (une ration
à concentré donné le meilleur résultat et la ration à 100%
de fourrage).
Le tableau suivant fait la synthèse des résultats
SYNTHESE DES RESULTATS
|
PARAMETRES
|
REGIME 1 (50% CONCENTRE ET 50%
FOURRAGE EN SSC)
|
REGIME 2 (100% FOURRAGE EN SSC)
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SAISON SECHE
|
Poids initial (kg)
|
14,90
|
14,60
|
concentré
|
nature
|
tourteau de coton
|
néant
|
quantité (g)
|
150
|
fourrage
|
nature
|
fanes de niébé
|
fanes de niébé+paille de sorgho
|
quantité (g)
|
150
|
150+150=300
|
Pâturage
|
Quelques inflorescences et fruits
secs des ligneux notamment les Acacia, rare paille sèche
des graminées (surtout du Schoenefeldia g.)
|
GMQ (g)
|
39,72
|
-02,97
|
gain de production dû au complément
|
30,20%
|
-2,05
|
coût de production (FCFA)
|
2647
|
1320
|
SAISON PLUVIEUSE
|
poids initial (kg)
|
19,40
|
14,30
|
concentré
|
néant
|
néant
|
fourrage
|
néant
|
néant
|
Pâturage
|
abondant composé des ligneux (Acacia,
Combretum, Balanites a.) et des graminées (Schoenefeldia
g., Panicum I., Cenchrus b., Aristida a ...) quelques
légumineuses comme Zornia glochidiata
|
GMQ (g)
|
13,06
|
19,29
|
gain de production dû au complément
|
non applicable
|
non applicable
|
Coût de production
|
-
|
-
|
SYNTESE DES RESULTATS
|
PARAMETRES
|
REGIME 1 (50% CONCENTRE ET 50%
FOURRAGE EN SSC)
|
REGIME 2 (100% FOURRAGE EN SSC)
|
SAISON POST-PLUVIEUSE
|
Poids initial (kg)
|
20,20
|
15,40
|
concentré
|
nature
|
tourteau de coton
|
tourteau de coton
|
quantité (g)
|
300
|
300
|
fourrage
|
néant
|
néant
|
Pâturage
|
même pâturage qu'en saison pluvieuse
avec la majeure partie des graminées transformées en
paille ; abondance des résidus des récoltes
|
GMQ (g)
|
87,47
|
92,86
|
Gain de production dû au complément
(%)
|
19,21
|
26,43
|
Coût de produit (FCFA)
|
1232
|
1232
|
TOUTE SAISON CONFONDUE
|
Gain de production totale (FCFA)
|
61,61
|
33,36
|
Coût de production d'un kg de viande
(FCFA)
|
422,55
|
524,02
|
estimation de la marge brute (FCFA)
|
2320
|
898
|
Commentaire des résultats
Le bénéfice de la complémentation stratégique
réside surtout dans la composition (riche) de l'aliment complémentaire.
Dans le cas de notre étude, la complémentation utilisant 50%
de concentré et 50% de fourrage est plus avantageuse et
ceci à 3 niveaux :
1°) premier niveau : le temps
Cette complémentation permet au bout de 4
mois de conduit pendant la saison sèche chaude ( SSC ) de
créer les conditions minimales de croissance qui se prêtent
ainsi à une bonne saillie des chevrettes. Par contre, pour
les autres animaux, en plus des 4 mois d'observation de SSC,
du temps de traversées de saison pluvieuse (SPL), il a fallu
au minimum un conduite de 11 semaines dont 3 semaines de complémentation
pendant la saison post-pluvieuse (S-PP) pour parvenir au poids
escompté de 17 kg.
2°) deuxième niveau : gain de poids
L'avance de gain de poids développée par
les animaux à régime concentré pendant la SSC a été maintenue
pour toutes les saisons. Le retard de croissance en terme
de gain de poids vif de leurs homologues reste non résorbé
malgré les tendances de regain de vitesse de croît de ces
derniers pendant la SPL et la S-PP.
3°) troisième niveau : profit économique
En raisonnant en terme de calcul économique,
2 interprétations possibles sont concevables :
- en terme d'économie monétaire dans l'investissement.
Par rapport à ce point, on peut dire que
la raison complémentaire utilisant uniquement le fourrage
s'avère avantageuse. Le poids référentiel des 17kg a été atteint
à ce niveau sur un coût d'aliment estimé à 1887F CFA
(pour les 2 phases de SSC et S-PP ). Par contre pour l'autre
régime, ce poids a été atteint en SSC avec un investissement
alimentaire de 2647F CFA. IL y a donc une relative
économie monétaire de 760F CFA.
- en terme de coût par unité de production
et du bénéfice monétaire occasionné par la production additionnelle
de viande.
En ce qui concerne le coût par unité de production,
le tableau 3 montre une supériorité du régime complémentaire
enrichi en concentré : 422,5F CFA /kg de viande produite
contre 524F CFA pour l'autre régime.
Sur la base du coût de viande estimé au marché
de Dori, on s'aperçoit une fois de plus que le régime à concentré
a un net avantage. L'évaluation du revenu probable de la viande
additionnelle à ce niveau donne une marge bénéficiaire moyenne
de 2320F CFA par animal contre 898F pour l'autre régime.
En plus, en admettant que le producteur peut
disposer du fourrage pour son troupeau, on convient aisément
que la complémentation stratégique par intégration de concentré
augmente son échelle d'intérêt. Une rédaction du coût d'alimentation
de près de 30% découle de la part due au fourrage.
Source : Programme Production Animale-
INERA -Burkina Faso GNANDA B. Isidore & NIANOGO J. Aimé
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