Mise
en place et Exploitation d'une unité de Biogaz
( suite et fin ) |
II- Le DIGESTEUR ET SA CONSTRUCTION
A- Description du digesteur chinois
C'est un digesteur de type continu, construit
entièrement sous le niveau du sol. Le schéma ci-contre montre
son organisation générale. Ce digesteur offre l'avantage d'une
durée de vie assez longue (25 ans au moins ) et d'un entretien
facile.
Il comporte :
- des orifices d'entrée et de sortie des
matières, débouchant à mi hauteur dans la fosse. A noter que
l'orifice d'entrée (1) est plus haut de 20 cm environ par
rapport à celui de sortie (2)
- un compartiment de fermentation parfaitement
étanche à l'air et à l'eau. Le dôme est fixe et gaz s'accumule
sous la voûte maçonnée. La pression varie donc avec la production
et l'utilisation. La régulation de la pression se fait par
refoulement du substrat dans la chambre de sortie
- un couvercle amovible permettant des interventions
humaines dans la fosse
- un tuyau d'évacuation du gaz.
B- La localisation de l'installation
-Le sol sur sera implanté le digesteur doit
être meuble mais pas trop argileux : une teneur élevée en
argile risque de fissurer la cuve par tassement différentiel
(gonflement et séchage).
-Le fond de la cuve ne doit pas atteindre
la nappe phréatique : sinon, cela peut causer des problèmes
de pertes thermiques, infiltration, pollution et sous-pression.
-Choisir de préférence un site ensoleillé
et à l'abri du vent pour maintenir une température adéquate
à l'intérieur du digesteur.
-Les arbres dérangent par leur ombrage et
par leurs racines qui peuvent défoncer la cuve : couper les
racines et les enduire de chaux pour stopper leur croissance
-Les canalisations étant coûteuses et sources
de problèmes technique, il est conseillé d'installer le digesteur
à proximité du lieu d'utilisation du gaz, et si possible,
pas trop éloigné de la source du substrat.
C- Les étapes de la construction
Il est nécessaire d'être assisté par des techniciens
expérimentés afin d'assurer l'efficacité et la durabilité
du système. Nous nous contentons donc ici de présenter les
étapes à suivre lors de la construction du digesteur.
-Estimation du coût des matériaux de construction
-Traçage et fouilles
-Bétonnage de la coupole inférieure
-Construction de la paroi cylindrique à l'aide des briques
-Construction du dôme ou couple supérieure
-Construction des couches étanches
-Construction du goulot, des cuves d'entrée et de sortie
-Construction du couvercle
D- La vérification de l'étanchéité
L'étanchéité de la cuve conditionne le déroulement
de la fermentation, car les micro-organismes concernés ne
se développent que dans un milieu totalement dépourvu d'oxygène
(anaérobie).
Avant de commencer, on vérifie la qualité
de l'enduit : un son creux signifie que l'enduit s'est décollé
et il est nécessaire de le refaire à cet endroit.
1) L'étanchéité à l'eau
-Remplir à ras le digesteur d'eau et repérer
le niveau de l'eau puis faire une marque.
-Laisser le digesteur absorber pendant trois à quatre heure
une partie de cette eau
-Compléter le niveau d'eau jusqu'à votre marque
-Après 24 heures, noter la baisse du niveau de l'eau dans
le digesteur
-Une dénivellation de 1 à 4 cm permet de conduire à l'étanchéité
à l'eau du digesteur. Sinon, le digesteur n'est pas étanche.
Attendre alors que la niveau cesse de descendre. Là où il
se stabilise se trouve la fuite.
2) L'étanchéité au gaz
-Enlever environ 2m3 d'eau du digesteur préalablement
rempli.
-Fermer hermétiquement le couvercle en utilisant un joint
d'argile de très bonne qualité
-Recouvrir le couvercle d'argile.
-Verser de l'eau sur l'argile.
-Communiquer le tuyau de canalisation du gaz au manomètre.
-Recommencer le remplissage du digesteur par l'ouverture d'entrée
ou de sortie. Au fur et à mesure du remplissage, l'air empoisonné
dans la partie supérieure du réservoir du digesteur se comprimera
et développera une pression que l'on pourra lire sur le manomètre.
-Continuer le remplissage jusqu'à atteindre une pression de
90 cm d'eau, soit 45 cm sur chaque branche du tube du manomètre.
-Recherche les fuites d'air éventuelles sur le tuyau en utilisant
de l'eau savonneuse qui laisse échapper des bulles en cas
de fuites.
-Noter l'heure à laquelle cette pression à été atteinte en
s'assurant qu'il n'y a pas de fuites au niveau du goulot
-Après 24 heures, noter la différence de pression.
-Une baisse de pression inférieure ou égale à 5% (2 cm d'eau
sur chaque branche du monomètre) est acceptable.
-Une baisse de pression supérieurs à cette valeur est la preuve
que le digesteur n'est pas bien étanche à l'air. Dans ce cas,
il faut localiser la fuite et y remédier.
3) L'élimination des fuites
Fuites dont les causes ne sont pas visibles
La plus part du temps, il s'agit d'un mauvais
crépissage intérieur. Il faut alors prévoir trois couches
de crépissage supplémentaires. Le crépissage sera plus fin,
surtout aux endroits où les tuyaux d'entrée et de sortie sont
reliés avec la cuve de fermentation. On utilisera de préférence
du sable fin.
Fuites dues à des causes visibles
Il s'agit la plupart du temps de fissures
qu'il faut boucher de la manière suivante :
-Faire une entaille rugueuse en forme de
V le long des fissures
-Enlever les poussières
-Badigeonner l'entaille avec de la barbotine
-Fermer le trou avec du mortier à très forte dose de ciment
Fuites dues au décollage en lambeaux de couches de crépissage
Le décollage est souvent le fait d'un mauvais
compactage du mortier pendant le crépissage intérieur : Il
faut :
-Enlever à l'aide d'un marteau toutes les
couches lâches
-Reprendre le crépissage avec de plus fortes doses de ciment
en alternant le badigeonnage à la barbotine et le crépissage
au mortier.
III- L'EXPLOITATION DE LA FOSSE
A- Les intrants
1) Généralités
Diverses matières sont utilisables : déjections
humaines et animales, chaumes, feuillages, herbes, plantes
aquatiques, tiges végétales, ordures, boues et déchets industriels
organiques.
A fermentation d'un seul élément donne en
général de mauvais résultats. On utilise souvent un mélange
de matières animales et de matières végétales. Le rapport
carbone /azote (C/N) final doit être proche de 25. Le tableau
donne les valeurs du rapport C/N de différents substrats :
Substrats |
Rapport C / N |
a) ANIMAL : fientes de
porc
vache
poule
canard
homme
|
13,7
19,9
9,65
27,4
6,72 |
b) VEGETAL
restes de cuisine
tiges de maïs
pailles de riz
rafles de maïs
coques d'arachide
jacinthes d'eau
coupe d'herbe |
28,6
56,6
51
49,9
31
11,4
15,7 |
|