Le
choix des equipements en culture attelée |
Sommaire
- Situation actuelle de la culture attelée
- La technique et les choix des producteurs
- Quelques conseils pour les paysanss
- S'équiper progressivement
- Les perspectives d'avenir
- Quelques conseils pour les agents de développement
- Former les paysans aux techniques de culture
attelée
Les dernières années de sécheresse ont
remis en cause l'intérêt de la culture attelée pour les paysans
du au Burkina Faso. Habitués surtout à utiliser le matériel
de traction animale pour préparer les sols avant semis, notamment
pour le labour, les paysans déclarent actuellement que ces
travaux retardent énormément la date de semis et qu'ils préfèrent
semer directement sans préparation du sol.
Le deuxième problème est d'ordre économique
: les outils coûtent cher et les paysans hésitent à s'équiper
à crédit, même pour un matériel comme la charrette asine qui
est très appréciée.
Le troisième problème est la pénurie
de fourrage en fin de saison sèche. Les animaux de trait,
bœufs, ânes, sont difficiles à alimenter durant cette période,
sauf si l'on dispose de revenus monétaires pour acheter des
pailles ou des aliments du bétail ( son cubé, tourteaux) lorsqu'ils
sont disponibles.
Malgré ces contraintes, il subsiste
des intérêts à relancer la culture attelée. Cette fiche technique
expose les conditions nécessaires à cette relance, en tenant
compte bien évidemment des possibilités des paysans.
SITUATION ACTUELLE DE LA CULTURE
ATTELEE
Dans les villages, il est aisé d'inventorier
les matériels et les animaux présents : charrue, multiculteur,
houe-manga, charrette usagée ou non, ânes et bœufs dressés
ou non. Une partie du matériel devra être réparée. Les forgerons
villageois formés par le Centre National de promotion des
artisans ruraux (CNPAR) sont capables d'effectuer les réparations
qui ne demandent pas de soudure. On pourra encourager l'association
entre deux ou trois paysans qui mettront à disposition du
groupe le matériel dont ils disposent : l'un une charrette,
l'autre un animal de trait, le troisième une houe-manga.
LA TECHNIQUE ET LES CHOIX DES PRODUCTEURS
Pour la plupart, les paysans connaissent
des techniques de culture attelée ; ils ont vu au moins une
fois une houe- manga en train de sarcler un champ ou ils en
ont entendu parler. Face aux contraintes techniques et économiques,
les paysans s'intéressent actuellement à deux types de matériels
:
- la charrette pour les transports divers et plus particulièrement
celui des pierres pour réaliser les diguettes.
- Le matériel léger de culture attelée comme la houe-manga
pour réaliser le scarifiage et les sarclages. L'agent d'encadrement
devra donc aider le paysan ou le petit groupe de paysans à
conquérir ces matériels.
QUELQUES CONSEILS POUR LES PAYSANS
Pour un paysan qui n'est pas équipé,
mais qui souhaite acquérir un matériel, on étudiera le meilleur
choix en fonction de ses capacités financières. Le paysan
pourra faire appel à un système de crédit ( Caisse nationale
de crédit agricole, Organisation Non Gouvernementale, Caisse
Populaire). Pour les animaux de trait, on encouragera les
paysans à utiliser les animaux qu'ils possèdent : soit un
âne ou une ânesse qui peut bien travailler, soit un ou deux
bœufs. Aux paysans qui ne possèdent aucun animal, on recommandera
d'acheter , si leurs ressources monétaires sont limitées,
un âne ou un jeune bœuf de 2 à 3 ans. Nous n'avons pas testé
la culture attelée avec une paire d'âne, mais cette alternative,
expérimentée dans différents pays d'Afrique de l'Ouest et
bien répandue au Maroc, permet d'accroître la force de travail
de la traction asine.
S'EQUIPER PROGRESSIVEMENT
La houe -manga
Il est préférable de conseiller à un
paysan de débuter par un niveau à investissement faible, afin
qu'il se familiarise avec le matériel. Ayant déjà acquis une
houe manga, il pourra acheter plus tard un autre matériel
ou les accessoires qui la complètent, par exemple un soc pour
le labour. La houe-manga est un matériel central : elle est
présente à tous les niveaux. On considère au Yatenga (Nord
du Burkina Faso) que le travail de sarclage mécanique est
très bien rentabilisé vu les surfaces importantes cultivées
par paysans, surtout en sol sableux.
Les animaux de trait
Les animaux de trait doivent être polyvalents
; l'âne ou l'ânesse sont capables de réaliser les sarclages
s'ils ont bien dressés et bien entretenus ; les bovins peuvent
tirer la charrette.
La charrue
L'acquisition de la charrue peut venir
après l'achat de la charrue peut venir après l'achat de la
houe-manga. Pour limiter les dépenses, on peut également acquérir
une pièce comportant un soc qui s'adapte sur la houe-manga.
La charrue sera utilisée prioritairement pour la culture de
l'arachide et pour la régénération des sols dégradés et compactés
en association avec de forte doses de fumier.
Le semoir
Le semoir n'a pas été retenu car il
est difficilement rentable et peu adapté à la culture du mil.
Ce matériel, au prix élevé variant de 40.000 à 60.000 FCFA,
pourrait intéresser un groupe d'agriculteurs.
La charrette : coûteuse mais prioritaire
Les modèles de charrette asine présents
sur le marché coûtent environ 100.000 FCFA, mais cet investissement
est prioritaire et passe avant l'achat d'une paire de bœufs
vu l'importance du transport ( bois, pierres pour les diguettes,
résidus de culture). A crédit, l'achat d'une charrette pose
le problème du remboursement des annuités : environ 25.000
FCFA par an, somme très importante pour la plupart des paysans
. La seule solution pour diminuer le coût est l'achat de la
charrette par deux ou trois chefs d'exploitations qui s'associent
aussi pour entretenir ce matériel.
LES PERSPECTIVES D'AVENIR
La charrette bovine
Il est souhaitable dès à présent d'introduire
la charrette tirée par une paire de bœufs. Il existe déjà
des charrettes mixtes asines-bovines où il suffit de démonter
les deux brancards et d'y adapter un timon central en bois
pour les bœufs ( charrette rouge avec plateau en tôle - centre
national d'études agricoles). L'intérêt de la charrette bovine
est double : valoriser au maximum la paire de bœufs qui restera
bien dressée en saison sèche et augmenter la charge transportée,
ce qui est très important pour les diguettes en pierres.
Le travail du sol en sec
On dispose actuellement de différents
matériels de travail du sol en sec. Ils sont constitués d'un
coutrier qui pénètre dans le sol jusqu'à une profondeur de
10 à 15 cm et éclate la surface du sol sur 30 cm de large.
Ce coutrier peut s'adapter au triangle sarcleur ou à l'âge
d'une charrue. Son emploi nécessite une paire de bœufs en
bon état.
L'exhaure de l'eau
A notre connaissance, la traction animale
est très peu utilisée au Nord du Burkina Faso pour l'exhaure
de l'eau, sauf dans le département de Kaïn où la nappe phréatique
se situe en profondeur, jusqu'à 80 m.
QUELQUES CONSEILS POUR LES AGENTS
DE DEVELOPPEMENT
L'agent de vulgarisation doit être
capable de conseiller le paysan qui souhaite acquérir un matériel
ou un animal de trait. Certaines exploitations, inférieure
à 3 hectares, doivent dans un premier temps renoncer à s'équiper
individuellement et se regrouper avec une ou deux autre exploitations.
DRESSER ET BIEN NOURRIR LES ANIMAUX
DE TRAIT
Cet aspect est largement négligé par
les paysans. En saison sèche, les animaux de trait divaguent
souvent pendant la journée et parfois même la nuit. En période
chaude et de pénurie de fourrage, les paysans déclarent qu'il
faut laisser les animaux en liberté la nuit pour qu'ils cherchent
leur nourriture. Ces pratiques extensives et peu coûteuses
en temps de travail ont deux conséquences. Tout d'abord, les
animaux de trait deviennent plus farouches et ont peur des
hommes. Ils effectuent donc un travail de mauvaise qualité.
Ensuite, l'état des animaux en début de saison sèche est déplorable,
ils sont maigres et maladifs. Il est indispensable de prévoir
au moins un stock de paille suffisant pour la période difficiles,
de mars à juin, qui pourra être complété par du foin et des
fanes de légumineuses. Après dressage, les animaux doivent
être parqués chaque nuit et recevoir, dès que le pâturage
diminue, un complément alimentaire tel que de la paille de
mil ou de sorgho, des fanes de niébé ou d'arachide, ou du
foin.
FORMER LES PAYSANS AUX TECHNIQUES
DE CULTURE ATTELEE
L'agent de terrain doit savoir maîtriser
toutes les techniques liées à la culture attelée : dressage,
alimentation et soin des animaux, réglage et entretien du
matériel, maîtrise de la technique du labour, sarclage et
buttage. Il est indispensable, lorsqu'on livre un matériel
à un paysan, de lui expliquer son fonctionnement et son entretien.
Eviter la dégradation des sols
Les pratiques de culture attelée, et
la traction animale en général, doivent entraîner une augmentation
de la production agricole sans accélérer la dégradation des
sols à moyen terme. La charrette permet de construire plus
de diguettes et de transporter du fumier sur des parcelles
dégradées. Le coutrier ou la charrue peuvent " ouvrir " un
sol fermé et compact ( zipelée). Pour préserver les sols,
on conseillera aux paysans d'aménager les parcelles très dégradées
et sensibles à l'érosion. Pour cela, les paysans pourront
adopter le système de cordons pierreux lissés et plus ou moins
parallèles, qui permettent le passage des outils de culture
attelée.
Rentabiliser le matériel dans l'exploitation
agricole
Bon nombre de matériels ou d'animaux
dans un coin de la cour de l'exploitation alors que l'investissement
financier a été important, le paysan s'est endetté pour 5
ans. Tout paysan qui acquiert un matériel devra l'utiliser
au mieux pour augmenter ses rendements ou accroître la surface
qu'il cultive.
- la charrette
On utilise la charrette pour l'aménagement
progressif des parcelles sensibles à l'érosion et au ruissellement.
- la houe- manga
On utilise la houe-manga pour le sarclage
mécanique sur toutes les parcelles de céréales sauf les bas-fonds
inondés. On l'utilise également pour le scarifiage avant semis
de l'arachide et des parcelles de céréales les plus enherbées.
- la charrue
Vu le faible nombre de jours disponibles
pour le travail du sol entre le 15 juin et le 15 juillet,
le paysan ne pourra labourer qu'une partie de son exploitation,
parfois seulement un hectare. On lui conseillera de labourer
les parcelles d'arachide et de maïs - ce qu'il fait traditionnellement
- et les parcelles de céréales les plus enherbées ou plus
compactées.
- le corps butteur
On utilise le corps butteur principalement
sur les parcelles à fort ruissellement, en prenant soin de
cloisonner les buttes tous les 2 ou 3 mètres et d'aménager
la parcelle. Rentabiliser le matériel dans un groupe d'exploitations
agricoles Pour rentabiliser au mieux le matériel, le paysan
peut effectuer des travaux pour ses voisins, mais il peut
aussi s'associer avec d'autres paysans pour acheter et utiliser
du matériel en commun, par exemple une charrette ou une houe-manga.
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