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Conception & réalisation : RIFOD

Les inégalités socio-économiques entre homme et femme

 Sommaire
  1. Inégalité d'accès à la terre
  2. Inégalité d'accès au crédit
  3. L'Inégalité d'accès à un emploi rémunéré
  4. L'Inégalité dans le développement des ressources humaines
  5. Inégalité dans les indicateurs globaux de développement


Le contexte du Burkina-Faso (pays Sahélien ) impose aux femmes des conditions de vie difficiles et des corvées épuisantes. Au plan démographique les femmes représentent 51,1% de la population globale. L'enquête démographique et de santé de 1993 estimait le nombre d'enfants par femme à 6,9 en milieu urbain et 7,3 en milieu rural. Conscients de cette situation ; les plus hautes autorités de l'Etat ont affirmé à maintes reprises leur volonté politique d'améliorer les conditions de vie des populations féminines. Concrétisant cette volonté politique, le gouvernement a promulgué des textes et des lois qui confèrent à la femme le même statut que l'homme (le code des personnes et de la famille, la Réforme Agraire et Foncière notamment). Enfin des plans, programmes et projets ont été élaborés et mis en œuvre pour promouvoir les femmes :

  • plan d'action national (1991-1995) pour le renforcement du rôle des femmes dans le processus de développement ;

  • plan d'action national (1994 -1998) pour l'accès des femmes aux services agricoles ;

  • le projet de sécurité alimentaire et de nutrition (PSAN) crée pour soutenir les ménages en milieu rural et améliorer leurs conditions de vie ;

  • le projet National karité (PNK) ;

  • le plan d'action pour la promotion socio - économique des femmes ;

  • etc.

Ces plans et programmes ainsi que les textes juridiques et les mesures spécifiques attestent des efforts du gouvernement pour promouvoir le rôle de la femme dans la vie économique. Mais des contraintes persistantes continuent de maintenir les femmes dans la pauvreté et de rendre difficiles leurs conditions de vie et de travail .Ces contraintes s'expriment notamment en terme d'inégalité d'accès à la terre, au crédit et à un emploi rémunéré. Elles se traduisent également par des inégalités dans le développement des ressources humaines et dans l'évolution des indicateurs globaux.

1. Inégalité d'accès à la terre

Les possibilités d'accès des femmes burkinabé aux meilleurs terres et aux terres irriguées sont et ont toujours été réduites. Elles ont un droit d'usage, du reste précaire, sur les lopins de terre souvent octroyés par leurs maris. Généralement considérée comme étrangère en sursis par sa propre famille et étrangère véritable dans le lignage qui la reçoit, la femme ne peut posséder la terre. Son statut social ne peut lui permet qu'un droit indirect d'accès à la terre. Une étude de la Banque Mondiale (1994) estime que la propriété des terres personnelles des femmes au Burkina-Faso est comprise entre 8 et 16% de l'ensemble des terres. Or les femmes représentent 51,47% de la population active agricole et jouent un rôle prépondérant dans les activités agro-pastorales. Par ailleurs l'accès aux intrants agricoles et aux équipements agricoles leur est quasiment impossible en raison de leur dépendance économique.

2. Inégalité d'accès au crédit

Les institutions financières qui interviennent en faveur des femmes sont :

  • Le Fond d'Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes (FAARF)                         

  • Le Fonds d'appui aux Activités Génératrices de Revenus des Agricultrices (FAAGRA)

  • Les Caisses populaires

  • Certaines Organisations Non Gouvernementaux.

Malheureusement l'impact de ces crédits sur la pauvreté des femmes et sur leur statut au sein de la famille est encore imparfaitement maîtrisé. Par ailleurs et en dépit des allégements introduits, les procédures de prêts sont encore complexes pour toutes les catégories de femmes et surtout pour le public cible des femmes analphabètes et de celles qui sont démunies. Dans l'ensemble, de nombreux types de prêts sont inaccessibles aux femmes, les banques et organismes de crédits les considérant comme des clients à risques. N'étant ni propriétaires ni exploitantes, elles ne disposent pas des garanties habituellement exigées. Dans ces conditions elles doivent soit renoncer à obtenir des crédits, soit s'astreindre à des charges d'intérêts très lourds. Ceci les enfonce davantage dans l'endettement et la pauvreté.

3. L'Inégalité d'accès à un emploi rémunéré

L'élevage constitue une activité importante pour les femmes rurales : 60% des femmes sont propriétaires de volailles et 55% élèvent de petits ruminants. Toutefois les revenus générés par cette activité ainsi que ceux de l'embouche ovine, porcine et même bovine ne sont pas de nature à réduire de façon significative la dépendance économique des femmes. L'artisanat et le commerce occupent de nombreuses femmes rurales surtout pendant la saison sèche. De même les femmes sont nombreuses dans le secteur informel des villes où elles détiennent le petit commerce et la distribution de produits divers sans envergure. Mais les revenus provenant de ces activités sont loin de satisfaire les besoins fondamentaux des femmes, leurs activités se limitant presqu' exclusivement aux marchés locaux.

Les femmes constituent le tiers des effectifs dans le secteur public. En outre elles sont regroupées en proportion plus importante que les hommes dans les catégories subalternes. Sur les 5278 cadres supérieurs de la catégorie A, 937 soit 17,8% sont des femmes. Au niveau des agents de la catégorie B, leur nombre est de 1479 sur 7810, soit 19%. Quant au secteur privé formel, il employait en 1980 à peine que 5% de femmes. De plus ce sont des emplois à caractère essentiellement administratif et commercial, qu'elles occupent. Cette sous-représentation des femmes est l'expression d'une inégalité d'accès de celles-ci aux emplois rémunérés. Au total, il apparaît que la situation difficile des femmes est liée à leur état de pauvreté.

4. L'Inégalité dans le développement des ressources humaines

Que ce soit dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la nutrition ou de l'environnement, les femmes sont discriminées.

4.1. Femmes et éducation

Le gouvernement a défini l'éducation comme une priorité nationale et pris plusieurs mesures qui confirment sa volonté de relever le défi de la sous-scolarisation des filles et de l'alphabétisme des femmes. L'un des supports pour ce faire est le plan d'action national pour l'éducation des filles (1994 -2000) . L'un des objectifs de ce plan vise à réduire d'un tiers l'écart entre les taux de scolarisation des garçons et des filles qui était de moins 13 points au détriment de ces dernières en1993, 1994. C'est également dans ce cadre qu 'est expérimenté le projet " Ecoles satellites (ES) et Centre d'éducation de base non formel (CEBNF) " dont le pourcentage de filles inscrites dépasse déjà 45%. L'accès à l'enseignement primaire reste limité et les filles sont sous scolarisées.

Tableau 1 : Evolution des taux bruts de scolarisation par sexe en pourcentage
   1992/93  1993/94  1994/95   1995/96  1997/98
 Garçons   38  40   42,5   44,7   48
 Filles   25,2  27  28,5   30,4  33,4
 Déficit filles  (-12,8)  (-13)  (-14)  (-14, 3)  (-14,6)
 Ensemble   31,7  33,8   35,7   37,7  40,9

Source : annuaires statistiques, MEBA

Le tableau 1 indique la faible couverture de l'enseignement primaire mais aussi les disparités qui existent entre filles et garçons. L'écart de scolarisation entre les deux sexes s'est amplifié au détriment des filles passant de 12,8 à 14,6 points entre 1992 et 1998. Par ailleurs, la représentativité féminine dans les effectifs scolarisés, après avoir progressé entre 1988/89 et 1993/ 94 (37,6 % à 39 %) stagne depuis lors autour de ce chiffre (39 %). Outre la sous-scolarisation , les filles accusent des déperditions plus élevées : pour le CEPE (Certificat d'Etude Primaire Elémentaire), la proportion de diplômées- filles atteint juste 50% contre 58% pour les garçons au cours de la période 1992/ 93 à 1994/ 95. Pour l'entrée en sixième, le pourcentage de filles ayant réussi ce concours en 1994/ 95 est à peine de 9 % contre 16 % pour les garçons. La fréquentation féminine des centres d'alphabétisation initiale n'est que d'une moyenne de 27,2% des inscrits au cours de la période 1994/ 96. Par ailleurs pour la même période, 44,5 % des femmes abandonnent et leur taux de réussite dépasse à peine 50 %. S'agissant de la formation des jeunes agriculteurs qui vise les ruraux des deux sexes âgés de 14 à 25 ans, n'ayant pas eu la chance de fréquenter l'école, les effectifs accusent une baisse constante passant de 15 717 apprenants en 1986/ 87 à 10 612 en 1990/ 91. La représentation féminine pour cette période n'a été que de 155,1 %. Au total question de la scolarisation et de l'alphabétisation de la fille et de la femme restent des problèmes pendants au Burkina - Faso

4.2. Femmes et santé

On note en 1996 une mortalité maternelle élevée de 566 décès pour 100 000 naissances vivantes, ce qui représente 16% de la mortalité féminine chez les femmes âgées les femmes de 15 à 49 ans. Cette situation est essentiellement due à :

  • un faible accès des femmes aux services de santé (51% en milieu urbain et 48 % en zone rurale) ;
  • un taux de couverture prénatale plutôt moyen (55,2% ) :
  • de faibles taux de couverture obstétricale ( 26,9 %)
  • les taux de prévalence contraceptive plutôt réduits de 17% en milieu urbain et de 1,5 % en zone rurale.

On constate par ailleurs l'augmentation du taux de prévalence du VIH dans les sites sentinelles, chez les femmes enceintes entre 1989 et 1994 qui varie d'un site à l'autre pour atteindre un taux national de 7 à 8%.

Tableau II : Adolescence et vie féconde au Burkina Faso : pourcentage par âge

 15 ans  16 ans  17 ans  18 ans  19 ans
 8%  12%  24%  54%  68%

Source :analyse de la situation des femmes et des enfants. UNICEF 1994.

Le tableau II révèle qu' à 17 ans, un quart des adolescentes burkinabé ont commencé leur vie féconde : elles sont soit en grossesse soit déjà mère d'un premier enfant. A 18 ans elles sont plus de la moitié et à 19 ans elles atteignent 68%. Comme on peut le constater la situation sanitaire de la femme burkinabé reste préoccupante.

4.3. Femmes et alimentation

Une enquête réalisée dans le cadre du projet " sécurité alimentaire et nutrition " en janvier 1993 dans la province du PASSORE a révélé que dans l'ensemble, la nutrition afFecte plus les filles(71%) que les garçons (67,9%). L'insécurité alimentaire des ménages est quasi permanente : 20% de la population constituée surtout de femmes enceintes et allaitant ainsi que d'enfants sont touchés par cette insécurité. Des enquêtes ont révélé que jusqu'à45% des femmes adultes présentent des carences en iode qui existent de façon endémique dans 25 provinces sur les 30 que comptait le Burkina Faso en 1996.

4.4. Femmes et environnement

Les conséquences de la dégradation de l'environnement physique sont particulièrement éprouvantes pour la femme burkinabé. La désertification aggrave les difficultés liées à la corvée de bois pour la femme. La régression des forêts oblige ainsi les femmes burkinabé à parcourir les distances de plus en plus longues pour se procurer de bois. L'approvisionnement en eau potable constitue une préoccupation quotidienne pour la femme burkinabé. Bien que le taux de desserte en eau potable ait augmenté passant de 36% en 1986 à 72% en 1992, l'inventaire national de 1996 révèle que sur un total de 17 500 pompes existantes, 25% étaient en panne. En matière d'assainissements, la latrine traditionnelle est la plus répandue en milieu urbain. En milieu rural, moins de 10% de la population a accès à des latrines. Les mesures entreprises en faveur de l'assainissement comme l'évacuation des eaux et des ordures ménagères restent très embryonnaires et n'offrent pas toujours aux populations les conditions requises en matière d'hygiène, de prophylaxie et de prévention de la maladie. Ce qui accroît également les préoccupations des femmes, premières responsables de la santé de la famille.

4.5. Femmes et leurs droits civiques et politiques

En matière de droits civiques et politiques, l'accélération acquise par les femmes depuis Août 1983 s'est relativement bien maintenue mais l'application effective des textes juridique se heurte à un certain nombre de difficultés : (i) la méconnaissance par les femmes elles-mêmes de leurs droits ; (ii) l'appréhension de l'appareil judiciaire et de son mode de fonctionnement qui requiert souvent des procédures compliquées dans une langue ésotérique ; (iii ) le manque de spécialistes pour le traitement des affaires matrimoniales ; ( iv ) le manque de rigueur dans l'application des textes et l'absence de mesures coercitives garantissant cette application et surtout (v ) un contexte socioculturel encore largement défavorable à l'exercice des droits de la femme. Malgré la diversité des mécanismes institutionnels mis en place au fil des années depuis 1985, on a noté un certain nombre de contraintes relevant tant de la pertinence de ces mécanismes que du système de pilotage de ceux- ci. Il s'agit entre autres : (i ) du manque de ressources techniques, financières et matérielles pour couvrir l'ensemble des acteurs et des domaines concernés par les cadres institutionnels ( ii ) de l'insuffisante intégration des politiques sectorielles en faveur des femmes dans l'ensemble d'un mécanisme fédérateur, d'où les faiblesses de coordination des interventions et enfin ; (iii ) des conditionnalités propres à chaque agence de coopération internationale (bilatérale ou multilatérale) dont les interventions se développent en fonction de leurs propres politiques. Il est évident que tout effort de coordination se heurte à de très grandes difficultés.

5. Inégalité dans les indicateurs globaux de développement

D'une manière générale, la situation de la femme burkinabé est loin d'être satisfaisante. Historiquement, l'accès des femmes aux sphères d'autorité et de pouvoir date des années 1980.

Disparité Hommes femmes au Burkina Faso en 1995

Disparité Hommes femmes au Burkina Faso en 1995
   Femme  Homme
 Revenus Agricoles  39,7% 60 ,5% 
 Espérance de vie  53,6ans  50,7ans
 Scolarisation  16,5%  25,3%
 Alphabétisation  11,5%  27,1%

L'indicateur de la participation des femmes tel qu'élaboré par le PNUD dans son rapport mondial sur le développement humain permet de mesurer le degré respectif de contrôle que les femmes et les hommes peuvent exercer sur leur destinée dans le domaine politique et économique, en se référent à trois variables : participation et pouvoir économique ;participation et pouvoir politique, contrôle des ressources économiques. Le Burkina Faso au regard de ces indicateurs se classe 69ème sur 94 pays analysés. Ce classement est principalement dû à la part des femmes dans le revenu salarial qui s'élève à 40% du total des revenus et à une relative bonne participation des femmes dans les fonctions politiques et dans celles où des décisions économiques se prennent. Par contre l'indicateur sexo spécifique de Développement Humain ( ISDH ) est particulièrement bas. Cet indicateur utilise les mêmes variables que l'IDH, mais à la différence de ce dernier, il prend en compte le niveau de disparité entre Hommes et Femmes pour chacune des composantes en intégrant un coefficient d'aversion pour l'inégalité entre sexes (égal à 2). Le pays avec un ISDH de 0,206 en 1994 demeure toujours en deçà de la moyenne des pays des deux régions prises comme point de comparaison (0,374 pour l'Afrique subsaharienne et 0,323 pour les PMA ). Le Burkina Faso se situe ainsi à la 144ème place sur 146 pays. Cet indice est sensé refléter les disparités sociologiques entre hommes et femmes en terme d'espérance de vie, de niveau d'éducation et de revenu. L'espérance de vie des femmes et surtout les taux particulièrement bas d'alphabétisation et de scolarisation des femmes expliquent cet état de fait.


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